Les récentes manifestations nationalistes en République dominicaine, couplées à la décision de rapatrier jusqu’à 10 000 Haïtiens par semaine, suscitent des inquiétudes quant à la stabilité sociale et à la solidarité interhaïtienne.
Les récentes manifestations nationalistes en République dominicaine, couplées à la décision de rapatrier jusqu’à 10 000 Haïtiens par semaine, suscitent des inquiétudes quant à la stabilité sociale et à la solidarité interhaïtienne. « La crise humanitaire qui secoue Haïti ne doit pas se traduire par un éloignement entre Haïti et la République dominicaine, deux nations partageant une île et une histoire complexe », a réagi la Fondation Zile dans un appel au dialogue publié le vendredi 4 octobre 2024.
« La décision de rapatriements massifs intervient dans un contexte de frustration dominicaine face à l’indifférence de la communauté internationale, qui reste sourde aux appels répétés du gouvernement dominicain pour atténuer l’impact de la crise haïtienne sur son territoire », rappelle la Fondation Zile dans le document dont une copie a été transmise au journal.
Le rapatriement en masse pose de nombreux défis humanitaires, juridiques et sociaux, selon la Fondation. « Il est impératif que ce processus soit géré de manière transparente et respectueuse des droits de chaque individu concerné. Le “Protocole d’identification des migrants illégaux et leur retour assisté”, récemment introduit par la République dominicaine, montre une volonté d’améliorer la gestion de ce processus, en proposant une collaboration avec les autorités haïtiennes pour garantir des conditions de retour dignes. Cette avancée pourrait contribuer à une meilleure coordination entre les deux pays, surtout si elle est accompagnée d’une sensibilisation des communautés à risque en Haïti », a expliqué la Fondation dans l’appel au dialogue.
« Il est crucial que les autorités dominicaines et haïtiennes collaborent avec des agences onusiennes, telles que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en vue d’assurer un processus conforme aux normes internationales. Les ONG ont également un rôle essentiel à jouer, fournissant des informations claires sur les droits et options juridiques des rapatriés. Ces mesures permettront d’éviter que la situation ne dégénère en une chasse à l’homme », précise le document.
Au-delà des considérations humanitaires, les implications économiques des rapatriements doivent être prises en compte, plaide la Fondation. « La fermeture des frontières par la République dominicaine a déjà engendré des difficultés économiques pour de nombreuses entreprises haïtiano-dominicaines, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du transport. Les rapatriements affecteront également les envois de fonds, un soutien vital pour les familles haïtiennes vulnérables. Cette dynamique pourrait mener à un phénomène de boomerang migratoire, où les conditions de vie en Haïti deviennent insoutenable».
« Il est impératif de préciser que les membres de familles mixtes; les retraités du Conseil d’État du Sucre ou autres personnes âgées; les personnes inscrites au PNRE; les personnes en processus de renouvellement de résidence; les étudiants universitaires; les enfants officiellement inscrits pour cette année scolaire (dans des établissements privés ou publics); les missionnaires et travailleurs religieux; les commerçants, entrepreneurs et chefs d’entreprises ayant des opérations en cours; les professionnels de divers domaines qui ne constituent pas une charge pour l’État dominicain, les travailleurs de l’agro-industrie et ouvriers de la construction liés à une entreprise, les personnes en transit pour des questions migratoires ou consulaires ne devraient pas être concernés par ces rapatriements », a fait comprendre la Fondation Zile.
Source: Lenouvelliste